Naufrage du Costa Concordia: le premier volet judiciaire a débuté avec une première audience.
Des centaines de rescapés du naufrage du Costa Concordia, encore traumatisés, ont exprimé leur colère samedi à l'occasion d'une audience, préliminaire au procès sur ce drame, organisée dans la ville toscane de Grosseto.
Des centaines de personnes -rescapés, mais aussi avocats et experts- participent à cette audience, étape judiciaire obligée avant un procès qui pourrait ne pas s'ouvrir avant deux ans.
Principal protagoniste de la catastrophe qui a fait 32 morts, le commandant Francesco Schettino n'a pas fait le déplacement. Assigné à résidence, celui que la presse surnomme «le capitaine-poltron» est «inquiet pour sa sécurité», a expliqué l'un de ses avocats.
«C'est aussi bien que Schettino ne vienne pas», a réagi un rescapé, Sergio Amarotto. «Il n'a fait que dire un mensonge après l'autre pour se couvrir», a-t-il ajouté avant d'entrer dans le théâtre devant une meute de journalistes et photographes venus du monde entier.
Une autre survivante, Francesca Bertaglia, ne décolère pas: «C'est un imbécile et quelque part aussi un criminel. C'est impensable qu'il n'ait pas déclenché l'alarme. C'est une attitude criminelle».
Neuf employés de la compagnie Costa sont poursuivis dans le cadre de cette enquête pour homicide par imprudence, naufrage et défaut de communication aux autorités maritimes. Le capitaine est poursuivi en outre pour avoir abandonné son navire alors que l'évacuation des passagers étaient en cours. Et samedi, le procureur Francesco Verusio a réclamé qu'il soit poursuivi également pour «destruction de l'environnement dans un site protégé».
Au cours de l'audience, à huis clos, les avocats des survivants ont demandé des expertises et analyses supplémentaires. Me Giulia Bongiorno, qui représente 67 passagers italiens, allemands et brésiliens, a réclamé «une vérification des flux de communications entre le poste de commandement du navire et la salle des machines». Cette avocate de renom a aussi demandé que la société Costa ne soit pas considérée «partie lésée» dans cette affaire.
De son côté, Carlo Rienzi, président de Codacons (association de défense des consommateurs), a affirmé en avoir «assez d'entendre qu'une heure après l'accident, Costa ne savait rien». «C'est inacceptable qu'ils mettent tout de ce »pauvre« commandant - et je mets entre guillemets le »pauvre« bien sûr -», a-t-il dit aux journalistes lors d'une interruption de séance.
Samedi, la presse a publié samedi d'énièmes témoignages accablants, délivrés par le second du capitaine, lui aussi poursuivi dans cette affaire.
Selon le Corriere della Sera, le capitaine Schettino aurait ainsi «ordonné à son équipage de dire aux garde-côtes que tout était sous contrôle».
De leur côté les experts veulent s'assurer que «tous les instruments de bord fonctionnaient correctement», alors que Schettino fonde en partie sa défense sur l'absence de fiabilité de certains instruments, a expliqué à l'AFP Bruno Neri, professeur d'électronique à l'université de Pise, lui-même présent en tant qu'expert pour le compte de Codacons.
Plusieurs collectifs de naufragés se sont créés et des plaintes ont été déposées en Italie, en France et aux Etats-Unis contre le plus grand croisiériste européen, basé à Gênes et filiale du géant américain Carnival. Aux Etats-Unis, 39 passagers réclament à Carnival 520 millions de dollars de dommages et intérêts.
Le Costa Concordia transportait 4.229 personnes, dont 3.200 touristes de 60 nationalités différentes et un millier de membres d'équipage, lorsqu'il a heurté un rocher. La catastrophe a fait 32 morts, dont 25 ont été retrouvés.
Dans la foule samedi à Grosseto, Hilaire Blémand, père du jeune Français Mickaël Blemand, toujours porté disparu avec sa fiancée de 23 ans. Aux journalistes qui lui demandent comment il se sent aujourd'hui, il répond simplement : «très mal, très mal».
Afp


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